Écrit par Lumula, Emelda, Insights & Knowledge Officer

Dans le paysage commercial actuel en constante évolution, le potentiel des entreprises dirigées par des femmes est indéniable. Elles continuent de franchir les barrières, de stimuler l'innovation et de remodeler les secteurs d'activité dans le monde entier. Pourtant, de nombreux obstacles subsistent, notamment un accès limité aux capitaux, aux ressources, aux questions culturelles et aux réseaux de soutien.

Reconnaissant la nécessité de relever ces défis et de libérer le plein potentiel des femmes entrepreneurs, AECF a lancé le programme Investir dans les femmes dans l'économie bleue au Kenya (IIW-BEK) avec le financement d'Affaires mondiales Canada. Cette initiative vise à accroître la durabilité des performances des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) détenues par des femmes et des jeunes femmes, à améliorer l'environnement favorable, à réduire les inégalités systémiques entre les sexes, les normes sociales discriminatoires et les obstacles auxquels sont confrontés les femmes entrepreneurs, leurs petits producteurs et fournisseurs, y compris les travailleurs informels dans le secteur de l'économie bleue. Le programme IIW-BEK cible les entreprises du secteur privé commercial en renforçant l'autonomie économique des entreprises appartenant à des femmes grâce à des subventions allant de 50 000 à 400 000 dollars américains et de 15 000 à 50 000 dollars américains pour les moyennes, les petites et les microentreprises, respectivement.

Cet aperçu met en lumière la manière dont nous avons adapté notre approche de concours numérique axée sur les défis afin de garantir que la plateforme, les critères, la feuille de conditions et la promotion du fonds soient adaptés à la manière dont les femmes entrepreneurs se sentent concernées par les investissements et les présentations. Parmi les 1 600 candidatures reçues dans le cadre de ce concours, qui a été massivement sursouscrit, trois éléments principaux sont ressortis ;

  • Les femmes chefs d'entreprise sont moins à même de commercialiser, de présenter et de promouvoir leur modèle d'entreprise dans le contexte d'un formulaire de candidature numérique.
  • Les femmes et les jeunes femmes chefs d'entreprise se jugent systématiquement mal et hésitent à se porter candidates à des opportunités de financement, citant les exigences rigoureuses comme un facteur dissuasif. Nombre d'entre elles estiment que le processus de demande est trop exigeant, ce qui les dissuade de s'engager. En outre, de nombreuses femmes et jeunes femmes chefs d'entreprise opèrent de manière informelle et ne sont pas conscientes des avantages de la formalisation et du respect des taxes et impôts. Ce statut informel et l'absence de registres d'entreprise posent des problèmes d'accès au soutien et aux ressources.
  • La plupart des candidats n'avaient jamais reçu de subvention d'investissement auparavant et ne maîtrisaient pas le jargon du financement du développement.

Après avoir identifié ces tendances, nous avons revu notre approche en matière de marketing et de sensibilisation, en intégrant davantage d'événements en personne, y compris l'assistance technique en matière d'investissement dans le cadre du processus de concours et le mentorat de la longue liste de candidats afin d'améliorer leurs compétences en matière de leadership et de présentation.

L'une des meilleures candidates au guichet PME du comté de Siaya, impliquée dans la production d'aliments pour poissons et d'alevins avec un chiffre d'affaires de 277 000 USD en 2022 et une projection de 790 000 USD en 2025, a présenté une entreprise fonctionnelle et convaincante, mais n'a pas été en mesure d'articuler son modèle d'entreprise, de démontrer clairement son chemin vers la croissance et ses solides compétences en matière de leadership. Le soutien d'AECF avant l'investissement l'a encadrée et coachée pour affiner son modèle d'entreprise et améliorer ses compétences en matière de présentation, renforçant ainsi son sentiment d'appropriation de son entreprise et lui donnant les moyens de se montrer en tant que leader. Ce cas souligne l'importance d'un soutien ciblé et d'un accompagnement à l'autonomisation avant l'investissement. L'assistance technique a renforcé la présentation de l'entreprise et a permis à la propriétaire de s'impliquer davantage dans son entreprise, lui assurant ainsi la reconnaissance qu'elle méritait. Cet exemple met en évidence le potentiel de transformation des programmes de soutien personnalisés, qui permettent de combler le fossé entre les femmes entrepreneurs et l'accès au financement, favorisant ainsi leur réussite et leur contribution à la croissance économique.

À Kwale, une dirigeante d'un groupe de femmes comptant plus de 200 membres s'est fermement opposée à l'idée d'un financement exclusivement destiné aux femmes. Elle a plutôt plaidé pour que les hommes reçoivent des fonds, arguant qu'ils sont mieux à même de subvenir aux besoins de leur famille tandis que les femmes gèrent les responsabilités ménagères. Cette résistance souligne les inégalités de genre profondément ancrées dans les communautés, perpétuées par les normes et les attentes culturelles. Ces stéréotypes constituent des obstacles importants à l'émancipation économique des femmes et soulignent la nécessité de tenir compte des préjugés sexistes dans les initiatives de soutien à l'esprit d'entreprise.

Bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour combler le déficit d'investissement dans les PME dirigées et détenues par des femmes dans l'économie bleue, l'AECF apprend à adapter son approche de compétition basée sur les défis numériques aux spécificités des marchés de niche tels que l'économie bleue. Cet apprentissage comprend la gestion des diverses réalités des femmes opérant à différents niveaux des chaînes de valeur et la façon dont elles perçoivent et abordent l'entreprenariat, l'accès à l'investissement, la croissance et le leadership.