Idées de financement pour la résilience de l'agriculture

Paul Greener, explique le rôle des fonds d'interpellation dans la stimulation du marché pour apporter des solutions aux problèmes sociaux. En investissant dans les idées novatrices des petites et moyennes entreprises en Afrique, l'AECF favorise la résilience et la transformation de l'agriculture.

Quels sont les principaux défis liés à la création d'une nouvelle entreprise agroalimentaire en Afrique et comment le secteur public peut-il soutenir davantage les entrepreneurs ?

Les principaux défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs et qui ont un impact négatif sur les investissements dans les entreprises innovantes sont l'accès à un financement abordable et le manque d'infrastructures réglementaires et physiques. Le financement bancaire, lorsqu'il est disponible, est généralement prohibitif, les taux d'intérêt étant d'environ 30 % par an, ce qui empêche les investisseurs potentiels d'investir. En outre, les autorités réglementaires manquent de ressources et mettent beaucoup de temps à modifier, par exemple, les cadres législatifs pour répondre aux besoins des entreprises. Le secteur public doit mieux comprendre comment l'agriculture se développe. Les différentes chaînes de valeur nécessitent des interventions spécifiques, mais le secteur public responsable de l'élaboration et de la mise en œuvre de la législation est généralement à la traîne et doit apprendre ce que fait le secteur privé avant de créer une législation de marché.

Quel est le rôle d'un fonds d'encouragement dans la combinaison globale des financements nécessaires à la promotion de l'agro-industrie en Afrique ?

Un fonds d'encouragement est un mécanisme financé par un donateur qui fournit un financement à faible coût ou gratuit à des acteurs du secteur privé pour atteindre un objectif de politique sociale. Il met le marché au défi d'apporter des solutions aux problèmes sociaux et n'interfère normalement pas dans les activités d'une entreprise. Les petites et moyennes entreprises dans lesquelles l'AECF investit sont petites ou naissantes et donc peu attrayantes pour les investisseurs privés qui recherchent un gain financier et social de la part des investisseurs d'impact. Ces derniers recherchent des entreprises dans le domaine du développement avec l'intention de générer un impact social ou environnemental mesurable et bénéfique en plus d'un rendement financier.

Une fois qu'un bénéficiaire a terminé la période de financement de six ans de l'AECF, certains travaillent avec AECF Connect - une initiative spéciale de l'AECF qui prépare les entreprises à attirer un soutien supplémentaire de la part d'investisseurs d'impact. SolarNow, en Ouganda, a été aidée à lever 6 millions de dollars de dettes et de capitaux propres pour le développement de systèmes électriques solaires au profit des pauvres des zones rurales. Une autre entreprise, Agflo en Éthiopie, a été aidée à lever plus de 10 millions de dollars pour le développement de l'aviculture dans les communautés rurales.

Comment l'accent mis par l'AECF sur l'agro-industrie et les technologies intelligentes face au climat a-t-il contribué à promouvoir la productivité et la résilience agricoles en Afrique subsaharienne ?

Le Fonds a contribué à l'introduction de nouveaux produits pour renforcer la résilience au niveau des ménages et des communautés. Par exemple, grâce au soutien de l'AECF, Bell Industries a introduit des sacs hermétiques pour le stockage post-récolte du maïs. Cela permet aux agriculteurs de stocker le maïs sans utiliser de fongicides ou de pesticides, garantissant ainsi un approvisionnement sûr en nourriture et permettant un stockage tout au long de la période de surabondance post-récolte. En 2016, le projet a touché 62 000 ménages et a généré des bénéfices d'une valeur moyenne de 50 dollars américains.

Cette année, l'AECF a lancé un nouveau concours sur l'énergie solaire domestique dans le cadre de son programme sur les énergies renouvelables et les technologies d'adaptation au climat (REACT). En quoi le programme REACT Household Solar (REACT HS) profitera-t-il aux communautés rurales d'Afrique ?

Le Fonds est en train de sélectionner 10 à 12 entreprises du secteur privé dans le cadre du programme REACT HS afin d'accélérer l'accès aux systèmes solaires domestiques, en ciblant 300 000 personnes vivant en milieu rural au Malawi, en Sierra Leone, en Zambie et au Zimbabwe. Les systèmes solaires domestiques sont une amélioration par rapport à une simple lanterne, avec des fonctions supplémentaires telles que des chargeurs de batterie de téléphone, et devraient remplacer complètement l'utilisation du kérosène et du bois de chauffage pour l'éclairage, ainsi qu'alimenter les petites entreprises dans les zones rurales.

Quelles leçons peut-on tirer de l'AECF et des fonds d'encouragement pour permettre au secteur privé de soutenir la transformation agricole de l'Afrique ?

Les fonds d'encouragement cherchent à financer des idées novatrices dans le cadre du processus de transformation. Nous avons des rôles clairs et distincts, mais nous ne sommes qu'une partie de la solution. Les principales leçons à tirer sont donc de comprendre les problèmes qui se posent tout au long des chaînes de valeur dans lesquelles nous cherchons à investir, ainsi que les défis liés à la réglementation et à la politique gouvernementale. Nous pouvons développer de nouvelles idées, mais elles ne pourront jamais s'étendre et survivre s'il n'y a pas de cadre juridique dans lequel opérer. Par exemple, il ne sert à rien de développer des intrants de haute qualité s'il n'y a pas de routes pour les acheminer jusqu'aux agriculteurs.

L'une des leçons les plus importantes pour les entreprises agroalimentaires du secteur privé est que le capital doit être patient - il faut du temps pour tester les idées et obtenir des résultats. Les phases d'investissement sont généralement longues et peuvent être freinées par des conditions climatiques défavorables. Le secteur privé et ses besoins varient considérablement d'un bout à l'autre du continent, et il n'existe donc pas de critères uniques en termes de concours et de types de financement.

L'article a été publié pour la première fois dans Spore Magazine