Rédigé par Victoria Sabula, PDG d'AECF, et publié pour la première fois sur le site de Business Day le 04 décembre 2023
L'Afrique a le potentiel de contribuer à l'objectif mondial de tripler la capacité des énergies renouvelables et de doubler l'efficacité énergétique d'ici à 2030. L'appel urgent à renforcer l'objectif mondial en matière d'énergies renouvelables a été présenté dans un rapport de Reuters publié lors de la préparation de la COP28 à Dubaï, fournissant aux gouvernements et au secteur privé des recommandations politiques réalisables.
Le rapport présente un engagement à limiter d'urgence le réchauffement climatique à 1,5 °C et à éviter ses effets les plus désastreux. Les gouvernements peuvent favoriser une plus grande efficacité énergétique en augmentant la capacité mondiale d'énergie renouvelable à un minimum de 11 000 GW tout en doublant les améliorations annuelles de l'efficacité énergétique.
La bonne nouvelle, c'est que l'Afrique peut avancer à grands pas dans cet avenir d'énergie renouvelable, à condition de recevoir les investissements nécessaires dans son secteur énergétique. À bien des égards, l'Afrique devrait servir de modèle pour une utilisation réussie des énergies propres, étant donné l'abondance de ses ressources naturelles.
Malgré cela, le continent se trouve dans une position précaire et difficile, puisqu'il ne reçoit que 2 % des investissements mondiaux dans le domaine de l'énergie. En fait, le rapport de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique indique qu'un engagement annuel de 40 milliards de dollars est impératif pour répondre aux besoins énergétiques du continent.
Des besoins pressants
Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, l'insuffisance des investissements entrave la capacité de l'Afrique à stimuler la croissance économique. L'agence note ce frein à la création d'emplois dans le secteur des énergies renouvelables. Les emplois pourraient passer de 350 000 en 2020 à 4 millions en 2030 et 8 millions en 2050. Le coût du capital pour les projets d'énergie renouvelable dans les pays en développement peut être sept fois plus élevé que dans les pays développés.
Outre les conséquences environnementales de la production d'énergie, la manière dont les incertitudes économiques modèrent l'effet de la production d'énergie sur l'environnement n'a pas encore reçu l'attention voulue. À l'heure actuelle, plusieurs pays africains ont redoublé d'efforts pour développer de nouveaux gisements de gaz naturel à des fins domestiques et d'exportation, ce qui entraîne des tensions politiques en raison des risques économiques et sociaux inhérents à long terme et des aspirations des pays africains à une consommation nette nulle.
En outre, en raison de la forte population de l'Afrique, il est difficile pour les gouvernements et les entreprises du secteur de l'énergie de répondre à la demande d'énergie du continent. Alors que la demande d'électricité du continent devrait augmenter de 3 % par an, il sera impossible de parvenir à un développement durable avec le bouquet énergétique de l'Afrique, où l'approvisionnement en énergie domestique est encore dominé par les combustibles fossiles (71 %).
Aucune de ces questions ne devrait nous surprendre. Le triplement de la capacité en énergies renouvelables pourrait signifier une transformation fondamentale de l'économie africaine, car il nécessiterait une transition énergétique et des investissements suffisants dans les énergies renouvelables.
Trouver des solutions
Pour répondre à la nécessité d'une transition énergétique équitable et accélérée, l'Afrique doit rendre les brevets clés, en particulier ceux liés aux batteries et aux capacités de stockage, librement accessibles. Cela implique également de fournir des investissements qui stimulent la demande et la production supplémentaires dans tous les secteurs économiques, ce qui a un effet positif sur le PIB. Ces investissements ne créeront pas seulement des opportunités économiques immédiates, mais ouvriront également l'économie africaine en réduisant les coûts de l'énergie et en améliorant le niveau de vie, réduisant ainsi la pauvreté.
L'investissement dans les énergies renouvelables exige également l'intensification des initiatives novatrices et transformatrices. L'Afrique ne manque pas de solutions innovantes pour réussir sa transition énergétique. Le programme AECF React (Renewable Energy & Adaptation to Climate Change Technologies) de l'Africa Enterprise Challenge Fund est un brillant exemple du potentiel de l'investissement dans les énergies renouvelables. Le programme React cible les systèmes solaires domestiques autonomes hors réseau à un prix abordable.
Depuis 2021, cette initiative a permis d'encourager les petites et moyennes entreprises à développer des modèles commerciaux, des services et des produits dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, améliorant ainsi les conditions de vie des communautés mal desservies et garantissant que les investissements innovants en matière de résilience climatique continuent d'avoir un effet significatif sur les communautés locales et sur les efforts de résilience climatique à l'échelle mondiale.
Ces efforts promettent non seulement la création d'emplois pour des millions d'Africains, mais aussi un potentiel de croissance économique, propulsant l'Afrique vers un avenir plus radieux et plus durable.
L'Afrique dispose d'un immense potentiel et peut relever le défi de contribuer à tripler la capacité mondiale en matière d'énergies renouvelables. Mais le continent ne peut y parvenir seul, et le soutien nécessaire doit faire partie des discussions et des engagements de la COP28.
Les acteurs du changement en Afrique sont encouragés à suivre de près la COP28 et à relever le défi d'en faire une réalité grâce à la collaboration des gouvernements, des donateurs et des acteurs du secteur privé pour catalyser les capacités du continent en matière d'énergies renouvelables.